ROBERT LE VIGAN

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Profession:
Acteur français.

Date et lieu de naissance:
07-01-1900, à Paris, dans le 18 ème, France.

Date et lieu du décès:
02-10-1972, à Tandil, Buenos Aires, Argentine
Inhumé au cimetière de Tandil, Argentine.

Cause du décès:
D'emphysème à l'âge de 72 ans.

Nom de naissance:
Robert Charles Alexandre Coquillaud.

État civil:
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Taille:
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Anecdotes

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Biographie

Un célèbre compositeur déclara un jour : « La musique commence exactement là où s'arrêtent les mots. » Il serait possible de la paraphraser en disant : « Les mots s'arrêtent exactement là où commence le génie de Robert le Vigan. » Car, en effet, comment transmettre par des mots le génie insaisissable de celui qui fut l'un des plus grands acteurs du cinéma français ? Quelles que soient leurs opinions politiques, ceux qui eurent la chance de le côtoyer ne tarissent pas d'éloges sur lui : Pierre Chenal : « C'était un acteur fantastique. Le Vigan, lorsqu'un metteur en scène prenait la précaution de "morceler" son texte, était un acteur époustouflant. »
Jean Renoir : « Le Vigan était non seulement un grand acteur, il était l'acteur né pour vivre sur les planches. Le Vigan n'était pas un acteur, c'était un poète. »
Arletty : « Un acteur halluciné. Son génie d'acteur un peu fou n'a pas été remplacé. » Etc.

Notre intention ici n'est pas de « réhabiliter » l'homme-Le Vigan, mais de sortir de l'oubli l'acteur génial-Le Vigan. L'homme a été jugé, et condamné. On ne peut s'empêcher de penser à la phrase que Pierre Chenal lui dit un jour au téléphone : « T'as fait le con, tu as été en tôle, tu as payé, non ? Maintenant, c'est toi, le Juif ! » Alors, quarante ans après la guerre, tâchons de laisser « l'homme » de côté et rendons justice à l'acteur dont la vie sembla toujours être obscurcie par l'ombre de l'oubli : de sa mémoire déficiente son plus gros handicap, qu'il cachait comme on cache une maladie honteuse, à l'oubli inadmissible dans lequel on a voulu le plonger après-guerre, longtemps après-guerre ! En passant par son bannissement et la phrase terrible qu'il adressa à son ami André Bernard : « En exil définitif, mon cher Bernard, on cherche d'abord à tout oublier », l'oubli plana, comme un sinistre malédiction, sur cet être d'exception. Robert, Charles, Alexandre Coquillaud, dit Le Vigan, est né le 7 janvier 1900, à Paris, rue de la Charbonnière, « la rue des boxons... Comme tout le monde, à deux pas des bidets et des rues ! ».

Sorti du Conservatoire en 1918, avec un deuxième Prix, il se dirigea tout d'abord vers le théâtre. On le vit aussi bien dans des revues au Théâtre Impérial, à L'Arlequin, au Moulin de la Chanson, etc., que dans des pièces : L'Idiot, de Dostoïevski, Le Misanthrope, de Molière, La Grande Catherine, de George Bernard Shaw, La Cavalière Elsa, de Pierre McOrlan, Intermezzo, de Jean Giraudoux, Knock, de Jules Romains, La Peur des coups, de Georges Courteline, La Machine infernale, de Jean Cocteau, etc. Au total, plus d'une trentaine de rôles, très variés, entre 1918 et 1942.

Robert Le Vigan débuta au cinéma en 1931, dans Les Cinq Gentlemen maudits, de Julien Duvivier. À partir de ce moment, il n'allait plus cesser de tourner, jusqu'en 1945. Souvent de tout petits rôles, des apparitions, des passages brillants et fulgurants comme des comètes. C'est en 1935, dans La Bandera, qu'il obtint son premier rôle vraiment intéressant. La même année, il fut un Christ halluciné et hallucinant dans Golgotha. La légende veut même qu'il se soit fait limer les dents afin de creuser ses joues !

En 1936, ce fut Un de la légion, de Christian-Jaque, un excellent film, bien oublié de nos jours, puis Les Bas-fonds, de Jean Renoir où Le Vigan fut un sublime « acteur raté » déclamant du Shakespeare devant un Louis Jouvetsabusé... un rôle dans lequel il put laisser échapper les premières étincelles de son génie. On le vit la même année dans L'Homme de nulle part, adapté de Pirandello, et dans lequel il interpréta magistralement l'un de ces personnages antipathiques et ambigus qu'il aimait incarner. Ensuite, ce furent Quai des brumes, de Marcel Carné, où il était le peintre fou qui peignait « les choses qui sont derrière les choses », Ernest le rebelle, de Christian-Jaque, où, face à un Fernandel inexistant, il sut être un dictateur sud-américain plus vrai que nature, Le Dernier Tournant, de Pierre Chenal (qui fut, ne l'oublions pas, la première adaptation cinématographique du célèbre roman de James Cain, Le facteur sonne toujours deux fois), L'Assassinat du père Noël, de Christian-Jaque, Les affaires sont les affaires, de Jean Dréville (d'après un roman d'Octave Mirbeau.

Et l'on se prend à rêver à ce qu'aurait pu faire Le Vigan dans des adaptations d'autres romans de Mirbeau !), Goupi mains rouges, de Jacques Becker où, dans le rôle de Goupi-Tonkin, ancien colonial fou et rongé par les fièvres, il atteignit le génie absolu, la perfection dans l'interprétation. Qui n'a pas vu ce film ne sait sans doute pas jusqu'où peut aller un acteur. En 1944, il tourna une scène des Enfants du Paradis, de Marcel Carné, mais il dut abandonner le tournage, et son rôle fut entièrement repris par Pierre Renoir. Bifur 3, de Maurice Cam, fut son dernier film français.

De 1941 à 1944, Robert Le Vigan avait travaillé pour la Propagandastaffel, et fait de nombreuses émissions antisémites et antigaullistes à Radio-Paris (dans la série « Rythmes du temps »). En août 1944, il s'enfuit à Sigmaringen. Là, il fut arrêté par la Sécurité militaire et renvoyé en France, à la prison de Fresnes. En novembre 1946, il fut jugé. « D'autres collaborèrent avec prudence, lui le fit avec éclat, avec gouaille et santé finalement », écrivit Claude Beylie dans Écran 72. Et Le Vigan fut également condamné avec éclat ! La main des juges fut lourde, très lourde : dix ans de travaux forcés et l'indignité nationale à vie.

En 1949, alors qu'il était en liberté conditionnelle, il parvint toutefois à gagner l'Espagne (grâce à la complicité d'un très grand réalisateur français), puis l'Argentine. Isolé, banni, exilé, Le Vigan donna des cours de grec, joua quelques petits rôles dans des films espagnols et argentins, puis devint finalement chauffeur de taxi. C'est ainsi qu'il vécut, misérable, solitaire, oublié, malade, allant doucement vers « l'âpre délabrement », jusqu'à ce 2 octobre 1972, où il s'éteignit, à Tandil, dans la province de Buenos Aires. Le Vigan coupable ? Sans doute. Le Vigan victime ? Certainement. Victime de l'oubli. Victime d'une époque. Victime de sa folie réelle (Madeleine Renaud ne révéla-t-elle pas que Le Vigan dormait toujours avec une hache et un vélo sur son lit afin, disait-il, de pouvoir se défendre et s'enfuir !). Victime de Céline, son ami, qui a transformé « La Vigue en un personnage qui sert au récit, qui s'est appuyé sur sa personne réelle pour y broder mille phantasmes siens... » Oui, peut-être victime de ce Céline qui écrivait dans Nord, à propos de Le Vigan : « Acteur né »... Vous lui disiez : « La Vigue, t'as tué ta maman ! » Gi ! pote ça y est !... vous le voyiez tout changer devant vous !... en monstre aux assises... la mine, la dégaine... « Maintenant t'es Javert !... maintenant Valjean ! »... Il changeait d'être. Oui, Robert Le Vigan ne jouait pas ses rôles : il était les personnages.

Acteur fou, unique, halluciné, insaisissable, excentrique, écorché vif, inspiré... Les adjectifs ne manquant pas pour qualifier cet acteur irremplaçable qui, par l'alchimie de sa folie, sut même transformer ses défauts en éclairs de génie. « Ses rires stridents pour meubler les vides, sa fausse décontraction, son jeu haché, agressif, démesuré » font que jamais nous n'oublierons cet acteur d'exception sans doute le plus grand qu'il nous fût donné de connaître.

Il meurt le 12 octobre 1972, à l’âge de 72 ans. Malade et renonçant à tout come-back à tel point que François Truffaut, le contactant dans la fin des années soixante, désirant le réhabiliter comme comédien, n’a pu le soustraire à sa retraite.

Source : Didier Thouart et Jacques Mazeau. les grands seconds rôles du cinéma français.

 

Filmographie

 

61 LONGS MÉTRAGES DÉTAILLÉS

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1952 - RIO TURBO

 

1951 - ORQUIDEA .LA

 

1950 - LEY DEL MAR

 

1950 - EL CORREO DEL REY

 

1944 - BIFUR 3

 

1943 - NE LE CRIEZ PAS SUR LES TOITS

 

1943 - HOMME QUI VENDIT SON ÂME .L'

 

1943 - ENFANTS DU PARADIS .LES

 

1943 - COLLECTION MÉNARD .LA

 

1942 - GRANDE MARNIÈRE .LA

 

1942 - GOUPI MAINS-ROUGES

 

1942 - AFFAIRES SONT LES AFFAIRES .LES

 

1941 - VIE PRIVÉE

 

1941 - PATROUILLE BLANCHE

 

1941 - ROMANCE DE PARIS

 

1941 - MARIAGE DE CHIFFON .LE

 

1941 - ASSASSINAT DU PÈRE NOËL .L'

 

1941 - ANDORRA OU LES HOMMES D'AIRAIN

 

1940 - UNTEL PÈRE ET FILS

 

1940 - CHAMBRE 13

 

1939 - VEAU GRAS .LE

 

1939 - PARADIS PERDU

 

1939 - MONDE TREMBLERA .LE

 

1939 - LOUISE

 

1939 - DERNIER TOURNANT .LE

 

1939 - DÉDÉ LA MUSIQUE

 

1939 - CHARRETTE FANTÔME .LA

 

1938 - TEMPÊTE SUR L'ASIE

 

1938 - QUAI DES BRUMES .LE

 

1938 - PETIT CHOSE .LE

 

1938 - ERNEST LE REBELLE

 

1938 - DISPARUS DE SAINT-AGIL .LES

 

1938 - AVION DE MINUIT .L'

 

1937 - REGAIN

 

1937 - OCCIDENT .L'

 

1937 - JENNY

 

1937 - FRANCO DE PORT

 

1937 - FEMME DU BOUT DU MONDE .LA

 

1937 - CITADELLE DU SILENCE .LA

 

1936 - ROMARIN

 

1936 - MUTINÉS DE L'ELSENEUR .LES

 

1936 - HOMME DE NULLE PART .L'

 

1936 - HÉLÈNE

 

1936 - DE LA LÉGION .UN

 

1936 - BAS-FONDS .LES

 

1935 - JÉRÔME PERREAU HÉROS DES BARRICADES

 

1935 - GOLGOTHA

 

1935 - BANDERA .LA

 

1934 - MARIA CHAPDELAINE

 

1934 - FAMILLE NOMBREUSE

 

1934 - AFFAIRE COQUELET .L'

 

1933 - TUNNEL .LE

 

1933 - RUE SANS NOM .LA

 

1933 - PRINCE DES SIX JOURS .LE

 

1933 - PETIT ROI .LE

 

1933 - MADAME BOVARY

 

1933 - KNOCK

 

1933 - FEMME IDÉALE .LA

 

1932 - JEUNE FILLE ET UN MILLION .UNE

 

1932 - CHIEN JAUNE .LE

 

1931 - CINQ GENTLEMEN MAUDITS .LES

 

 

7 COURTS MÉTRAGES

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1935 - RONDE DU BRIGADIER BELLOT .LA
De Raymond Raffin

 

1934 - ARTICLE 330 .L'

 

1933 - MÉDECIN DE SERVICE .LE
D'André Cerf

 

1933 - BOUBOUROCHE
D'André Hugon

 

1933 - HOMME À LA BARBICHE .L'

 

1932 - EN DOUANE
Antonin Bideau

 

1931 - RADIO-FOLIE
De Jean Tarridé

 

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