Ward Bond suit ses études supérieures à la University of Southern California, où il fait partie de l'équipe de football américain, jouant en compagnie de son meilleur ami, John Wayne. En 1928, tous deux sont choisis pour interpréter des joueurs de football dans un film publicitaire pour l'École Navale du Maryland. En 1929, les deux amis sont engagés comme figurants sur le long-métrage de John Ford, Salute. C'est pour eux le début d'une longue carrière.

Si, dans les années trente, John Wayne accède rapidement aux rôles principaux et à la célébrité, Ward Bond doit se contenter de rôles mineurs de toutes sortes : agent de la circulation, chauffeur de bus, bandit, soldat, ouvrier…

Sa situation change dans les années quarante, suite à son interprétation de l'assassin Cass dans le western Vers sa destinée de John Ford, en 1939. Rarement collaboration entre un réalisateur et un acteur fut aussi fructueuse : 26 films au total, dans des seconds rôles importants. Ward Bond devient alors un acteur populaire. De plus, épileptique, il est réformé et ne voit pas sa carrière interrompue par la guerre.

À côté des célèbres westerns de John Ford, ses interprétations sont remarquées dans Le Faucon maltais (1941) de John Houston, Gentleman Jim (1942) de Raoul Walsh et La vie est belle (1947) de Frank Capra.

Ultra conservateur, c'est à cette époque que Ward Bond devient un membre actif de la Motion Picture Alliance for the Preservation of American Ideals, dont le but est de lutter contre l'influence communiste dans l'industrie du cinéma. Il en devient le président dans les années cinquante et participe activement à la chasse aux sorcières pendant le maccarthysme. Il se heurte alors aux réalisateurs libéraux qui essaient de ruiner sa carrière en l'empêchant de tourner. Toutefois, en tout illogisme, il tourne en 1954 dans le western Johnny Guitare, dont le réalisateur, Nicholas Ray, est accusé de sympathies communistes.

Ward Bond peut heureusement compter sur ses solides amitiés avec, entre autres John Wayne, Ronald Reagan et Gary Cooper, qui partagent les mêmes opinions politiques et lui permettent de trouver encore du travail à Hollywood. En 1956, il joue notamment dans le célèbre La prisonnière du désert de John Ford.

En 1957, conscient de la fragilité de sa position dans le monde du cinéma, il opère un changement important dans sa carrière et se tourne vers la télévision. Il décroche le rôle du Major Seth Adams dans la série western La Grande Caravane, diffusée sur la chaîne NBC. La Grande Caravane s'inspire du film Le Convoi des Braves (1950) de John Ford, dans lequel il a également joué. Extrêmement populaire, cette série fait de lui une star à l'âge de 54 ans. Son nouveau statut, doublé de son caractère entier, l'amène à prendre de plus en plus l'ascendant sur la conception de la série. Il veille à ce que John Ford en réalise un épisode et à ce que John Wayne y fasse une apparition, mais sous son vrai nom, Marion MichaelMorrison. Pendant trois ans, il tourne dans 59 épisodes et devient aussi célèbre pour ses talents d'acteur que pour son caractère tyrannique.

En 1960, La Grande Caravane est toujours la série la plus regardée de la chaîne lorsque Ward Bond décède le 5 novembre, d'une crise cardiaque dans son hôtel à Dallas. Ironiquement, alors qu'il participe à la campagne présidentielle en faveur du républicain Richard Nixon, il meurt trois jours avant l'élection de son opposant, John F. Kennedy. John Wayne fait son éloge funéraire lors de son enterrement, et hérite du fusil avec lequel il avait, un jour, blessé Ward Bond.

Si Ward Bond n'a jamais été récompensé par un prix prestigieux, d'autres hommages lui sont rendus. Il possède sa propre étoile sur le Hollywood Boulevard et fait partie des plus grands acteurs de westerns immortalisés au National Cowboy and Western Heritage Museum. Benkelman, sa ville natale au Nebraska, a également inauguré en son honneur la Ward Bond Memorial Park.