Les familiers des émissions de Stéphane Collaro, «Collaro show», «Co-Co Boy» et «Cocoricocoboy» sur TF1 se souviennent de Philippe Bruneau dans le rôle loufoque du J.R de Brie Comte Robert, pastiche de JR, cynique héros de la série Dallas.

Élancé, pince-sans rire, fidèle à une moustache qui ne dissimulait pas un air malicieux, le comédien, né à Caen, s'était illustré en co-signant le scénario du film d'Hervé Palud Un Indien dans la ville avec Thierry Lhermitte (1994). Toujours au cinéma, il s'est distingué en écrivant Les babas cool avec deux complices, Martin Lamotte et François Leterrier (1981), une comédie dans laquelle il jouait également.

Au théâtre, il fut l'interprète d'une dizaine de pièces. Il avait fait ses débuts en 1959, dans Les Précieuses ridicules, de Molière, dans une mise en scène d'Yves Gasc au Théâtre national de Chaillot. Un an plus tard, il était dans La Bonne Âme du Se-Tchouan de Brecht, sous la direction d'André Steiger.

Dans les années 1970, Philippe Bruneau marque l'histoire du café-théâtre. Avec ses copains, Martin Lamotte, Roland Giraud, Gérard Lanvin et Alain Scoff, il fonde la salle de spectacle La Veuve Pichard (aujourd'hui Le Point Virgule), dans une ancienne menuiserie du quartier du Marais, à Paris. En 1975, il monte une parodie déjantée de Blanche-Neige, intitulée Elle voit des nains partout, aux côtés de Claire Nadeau qui fut son épouse et la célèbre Mme Foldingue dans les émissions de Stéphane Collaro. La pièce fut transposée au cinéma par Jean-Claude Sussfeld, en 1982. Parallèlement, Philippe Bruneau a participé à de nombreuses séries télévisées comme Imogène, Maguy, H.

«Il portait toujours un regard narquois sur les personnages qu'il interprétait», se souvient Yves Boisset qui l'a dirigé plusieurs fois, notamment en 2002 dans Jean Moulin, une fiction de France 2. «Il a joué des pièces intéressantes comme Je n'ai pas confiance dans la justice de mon pays, reprend le réalisateur qui connaissait Philippe Bruneau depuis plus de vingt ans. Ça l'amusait de jouer la comédie, mais ce qu'il préférait avant tout c'était écrire. C'était quelqu'un d'absolument délicieux, très spirituel et distrayant.

«Coluche a beaucoup collaboré avec lui»

Il était très drôle, Coluche a beaucoup collaboré avec lui, renchérit Roland Giraud, à la fois ami et rival» dans la troupe du Splendid. C'est grâce à Philippe Bruneau que j'ai rencontré Coluche et sans doute eu la carrière que j'ai faite. Je l'ai remplacé en novembre 1971, lorsqu'il était parti en vacances avec sa femme Claire Nadeau. Il avait écrit des succès comme Fromage ou dessert et Sous les pavés, la plage. Je me souviens qu'il avait remplacé Gérard Jugnot dans la pièce Papy fait de la résistance.

Roland Giraud et sa femme, Maaïke Jansen, sont actuellement en tournée avec Zoé, la fille de Philippe Bruneau, leur partenaire dans Le Technicien, une comédie d'Éric Assous. «Il est venu voir la pièce au Maroc, dit Roland Giraud. Nous avons beaucoup rigolé pendant les quarante ans où nous nous sommes côtoyés. Philippe n'était pas accroché à ce métier, il aimait s'amuser, il était très gentil. On dit souvent cela, mais là, c'est vrai!»