Ned Thomas Beatty est né le 6 juillet 1937 à Louisville dans l'Etat du Kentucky aux Etats-Unis. Fils de Margaret Fortney (née Lennis) et de Charles William Beatty. Il est élevé avec sa sœur ainée Mary au sein d'une famille très religieuse. A dix ans le gamin chante avec un quatuor de gospel dans un salon de coiffure et dans son église locale. Alors qu’il envisager de rentrer dans les ordres à dix-sept ans, après avoir joué dans une production théâtrale de son lycée, l’adolescent tombe amoureux du théâtre et revient sur sa révélation.

Ned Beatty fait ses premiers pas de comédien sur les planches au milieu des années 50, Après avoir écumé les théâtres de la côte Est des Etats-Unis pendant une vingtaine d’années où il tient plus de soixante-dix rôles, en 1971 il se rend à New-York et se produit entre autres à Broadway dans la pièce d'Howard Sackler, « The Great White Hope ».

Ned Beatty, Victor French et Michael London - Dans la série : Les Routes du paradis, en 1984.

Remarqué par le réalisateur John Boorman, ce dernier l’engage dans son film choc « Délivrance » (1972), l'histoire d'un week-end cauchemardesque où quatre hommes, lui, Burt Reynolds, Ronny Cox et John Voight partent en Géorgie pour descendre une rivière impétueuse en canoë, ils sont pris à partie et menacés par des voyous du coin, dans ce classique du cinéma de genre, Ned Beatty joue Bobby, violenté par deux hommes, la scène où il doit couiner comme un porc après avoir été sodomisé est devenue l’une de ses scènes les plus obscènes du film, cette scène sera censurée dans certains pays. Le film est un succès et remporte trois nominations aux Oscars.

Ce thriller lance la carrière de l’acteur, on le retrouve en barman au générique de « Juge et hors-la-loi » (1972) le western atypique de John Huston, donnant la réplique à Paul Newman, Ava Gardner et Anthony Perkins; en shérif raciste et véreux dans « Les bootleggers » (1973) de Joseph Sargent avec Burt Reynolds.

Ned Beatty s’illustre également dans plusieurs films politiques et sociaux, citons le biopic d’Alan J. Pakula « Les hommes du président » (1975) il est Martin Dardis une figure clé du scandale du Watergate qui aboutit a la démission du Président Richard Nixon avec Robert Redford et Dustin Hoffman ; l'organisateur Delbert Reese de la campagne présidentielle d’un candidat dans « Nashville » (1975), de Robert Altman qui signe une satire féroce sur les mœurs américaines, sur fond de musique country lors d'un meeting d'un candidat à l'élection présidentielle, un festival qui tourne au drame. Il atteint son apogée avec son rôle du président cynique du conseil d'administration de la chaine CCC dans « Network, main basse sur la TV » (1975), un drame de Sidney Lumet sur l’univers de la télévision où son apparition aussi brève que fracassante comporte un monologue de six minutes pro-capitaliste assez effrayant, sa prestation lui vaut une nomination aux Oscars dans la catégorie du meilleur acteur dans un second rôle.

Après son rôle d’assassin méthodique sous les ordres d'un parrain de la mafia dans « Mikey et Nicky » (1976) de Elaine May avec John Cassavetes et Peter Falk ; il donne une dimension cocasse à son rôle d’Otis un escroc minable , l'âme damnée du génie du crime Lex Luthor interprété par Gene Hackman, l’ennemie juré de Christopher Reeves dans le film de super héros « Superman » (1977) de Richard Donner, Ned Beatty joue de son visage rond pour afficher diverses mimiques et grimaces, des postures excentriques qui confèrent à son personnage une dimension grotesque ; le même rôle dans le deuxième volet « Superman II, l’aventure continue » (1980) de Richard Lester.

Les années 80/90 lui sont tout aussi favorables, il impose sa silhouette corpulente dans les film d’espionnage : « Jeux d’espions » (1980) de Ronald Neame, il campe le chef de la CIA qui donne l'ordre de supprimer un élément gênant (Walter Matthau) un vieux renard de la CIA ; il est Borisov un espion russe dans « Le quatrième protocole » de John Mackenzie, (1987) avec Pierce Brosnan et Michael Caine; puis apparaît en politicien corrompu et stupide aux cotés de Burt Reynolds et Kathleen Turner dans le drame sur la télévision « Scoop » (1988) de Ted Kotcheff ; dans «Meurtre dans l'ombre» (1988) un thriller haletant réalisé par Terrell Tannen, marié, en pleine crise de la quarantaine, il rencontre une jeune femme (Mia Sara) et l'aide à se débarrasser de son mari violent mais les deux amants son victime d’un maitre chanteur.

A contre emploi, il est choisit pour un rôle comique dans la comédie « A fond la fac » (1986) de Alan Metter, celui du recteur David Martin jaillissant et sans scrupules d’une Université fictive de Grand Lakes avec Rodney Dangerfield et Sally Kellerman ; puis il interprète le célèbre ténor irlandais Josef Locke dans « Hear My Song » (1991) de Peter Chelsom et remporte le Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle.

Il retrouve l'univers du film policier avec Bertrand Tavernier, qui signe un thriller bien soutenu « Dans la brume électrique » (2008), il tourne aux côtés John Goodman et de Tommy Lee Jones, un flic de la Louisiane qui le suspecte avec son acolyte (Bernard Hocke) de la mort du cadavre retrouvé dans les bayous. On peut encore citer sa participation dans le violent thriller de Michael Winterbottom, « The Killer inside me » (2009) où Casey Affleck campe un remarquable et effrayant d’un tueur psychopathe sadique.

Ce grand acteur joufflu et enrobé fut aussi une figure incontournable du petit écran. Il participe à de nombreuses séries ou téléfilms, on peut citer « La tour mortelle » (1975) basé sur l'histoire vraie de Charles Joseph Whitman il est la cible d'un tireur d'élite fou ; un ancien marine « Szysznyk » de (1977/78) qui prend en charge la gestion d'un terrain de jeu ; Diomed, un riche commerçant parvenu dans « Les derniers jours de Pompéi » (1984) ; le détective Stanley Bolander dans « Homicide » de 1993/95 et gagne deux Emmys pour les séries « Mort au combat « (1979) et « Last Train Home » (1990) et encore bien d’autres.

En 2010, il prête sa voix fantastique à deux grands films d'animation, notamment à l'ours machiavélique Lotso dans le dessin animé « Toy Story 3 » des studios Pixar, et aussi dans « Rango » en tant que Tortoise John, le principal ennemi du cow-boy lézard.

Ned Beatty fut marié quatre fois, successivement avec Walta Chandler de 1959 à 1968, suivi de Belinda Beatty de 1971 à 1979 et en troisième noce avec Dorothy Lindsey de 1979 à 1998 et c'est sa dernière épouse Sandra Johnson épousé en 1999 qui resta a son chevet jusqu’au décès de l’acteur de causes naturelles le 13 juin 2021, il laisse dans le deuil huit enfants nés de ses différents mariages.