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Profession:
Acteur, metteur en scène et homme de théâtre français.
Date et lieu de naissance:
27-06-1935, à Toulouse, en Haute-Garonne, France.
Date et lieu du décès:
02-07-2010, à l'hôpital de la Salpêtrière à Paris,France.
Cause du décès:
D'une complications pulmonaires à l'âge de 75 ans.
Nom de naissance:
Laurent Didier Alex Terziev -- Laurent Tchemerzine -- Baptisé en 1958 "la nouvelle gueule d'ange du cinéma français"
État civil:
Veuf de l'actrice : PASCALE DE BOYSSON, décédé en 2002.
Taille:
?
Fils d'une céramiste et d'un sculpteur russe, ayant émigré en France pendant la Seconde Guerre mondiale.
Il avait appris le métier "sur le tas" comme machiniste, souffleur, figurant, doublure, avant de débuter en 1952, grâce à Jean-Marie Serreau, autre mentor, dans "Tous contre tous" d'Adamov.
Sa passion pour le théâtre remonte à l'adolescence, lorsqu'il assista à une représentation de "La Sonate des spectres" de Strindberg, mise en scène par Roger Blin dont il fut l'héritier spirituel.
Choisissant le théâtre comme un sacerdoce, il avait fondé en 1961 la compagnie qui porte son nom, et qui sera hébergée dans les petits théâtres privés (Lutèce, La Bruyère, Lucernaire).
Son visage émacié et sa voix singulière marqueront durablement le théâtre français. Metteur en scène et acteur reconnu (en 2010, il reçoit le Molière du comédien pour L'Habilleur et Philoctète), il se distingue également au cinéma sous la direction des plus grands comme Pasolini (Médée), Philippe Garrel (quatre films dont Le Révélateur) ou encore Jean-Luc Godard (Détective en 1985). Plus récemment, Laurent Terzieff fut remarqué dans J'ai toujours rêvé d'être un gangster, Tête d'or ou encore Mon petit doigt m'a dit....
Une voix unique qui s'éteint, une musique singulière qui perçait toujours le brouhaha du monde pour atteindre au mystère de la voie lactée chère à Bunuel. Comédien et homme d'exception, Laurent Terzieff a incarné la vie des hommes dans les rires et les larmes, pendant un demi-siècle, sur les planches comme à l'écran".
Laurent Terzieff, c'était le talent à l'état pur, la force de l'interprétation, l'artiste passionné, exigeant, travailleur infatigable et inspiré.
Son physique, tout en force et en fragilité, sa voix, cette capacité à aller au-delà du possible, nous touchent au plus profond. L'empreinte qu'il laisse dans le cinéma et le théâtre et sa liberté indomptable resteront inoubliables", a conclu le ministre.
Fabrice Luchini qui avait joué en 2005 aux côtés de Laurent Terzieff (dans "Molly" de Brian Friel) a salué en lui "une grande lumière qui a traversé le théâtre" et "un frère, un pèlerin du théâtre" qui a "cultivé comme personne le théâtre de fraternité"
Laurent Terzieff était "l'incarnation la plus poétique de l'histoire du théâtre". "Il est ce Russe sublime, cette silhouette infinie, travailleuse, cet homme qui a consacré sa vie entière à l'amour des auteurs", a-t-il déclaré sur LCI.
"Je suis bouleversé. Je l'adorais comme acteur et metteur en scène, mais aussi parce qu'il était un être humain admirable, d'une profonde humilité. Il était exigeant, généreux, plein de tendresse, avec un tempérament exceptionnel, d'une sensibilité très rare"
"Laurent Terzieff était un immense artiste au service de son art et dont on n'arrive pas à distinguer si c'est l'immensité de son talent ou l'immensité de sa modestie qui l'emporte. Un exemple à méditer".
Affaibli déjà par la maladie, Molière du meilleur comédien cette année encore, il était le symbole du théâtre à son meilleur, exigeant et accessible.
Il a été bien sûr dans Les Tricheurs l'image de la jeunesse triomphante et tourmentée, mais il aura surtout, tout au long de sa vie, été l'une des lumières du théâtre français.
"Il avait un charisme et une exigence incroyables, c'était quelqu'un de magnifique, de très classe, de très discret et mystérieux. Il était toujours en train de lire. Quand je lui ai proposé le rôle, il pensait qu'il s'agissait d'une pièce de théâtre et il était enthousiaste. Quand il a su que c'était un film, il était déçu, alors je lui ai dit que nous allions travailler comme au théâtre."
Source de la Vidéo : INA - Ajout de la vidéo le 06 juillet 2010 par Philippe de CinéMémorial
Disparu le 2 juillet, le comédien laisse un héritage esthétique et moral de haute teneur. Portrait d'un être assoiffé de vérité.
Le 20 avril dernier, recevant son quatrième Molière, Laurent Terzieff, 75 ans, a délivré ce qui est devenu, du fait de sa disparition, le 2 juillet, son testament. Sentait-il la mort déjà présente au milieu de la fête ? Comment en douter ? On vit, ce soir-là, à la télévision, le visage presque transparent, les yeux liquides et le sourire las, comme indulgent, d'un homme qui s'apprête à partir. Ses ultimes paroles publiques résument et contiennent le paradoxe d'un acteur célébré pour sa droiture et son exigence artistique, mais peu suivi dans sa démarche, tant celle-ci était en marge des courants dominants.
Au-delà sa teneur spirituelle et morale, son discours recèle une recommandation très concrète, maintes fois réitérée : « Le théâtre n'est pas ceci ou cela. Le théâtre est ceci et cela. » Si elle évoque clairement la séparation - spécifiquement française - entre secteur subventionné supposé « intellectuel » et secteur privé supposé « divertissant », la formule va bien plus loin. D'une part, elle rappelle que la nature du comédien, qu'il soit bon ou mauvais, d'ici ou de là, est unique et singulière ; d'autre part, elle reflète la carrière entière de l'acteur.
« Laurent Terzieff est le théâtre fait homme », écrivait Pierre Marcabru, le grand critique dramatique du Figaro. De fait, considérant sa vie, ses films, les pièces qu'il a jouées ou mises en scènes, les poèmes qu'il a dits, on pourrait écrire plusieurs histoires. A commencer par celle des théâtres de Paris depuis la fin des années cinquante : le Babylone et le Lutèce, où il fonda sa compagnie en 1961, le Lucernaire, le Rive-Gauche et la Gaîté-Montparnasse, le La Bruyère de son cher Stephan Meldegg, l'Atelier... et côté subventionné, le Renaud-Barrault, Chaillot, le TNP de Villeurbanne, l'Odéon - où il fit ses débuts dans Tête d'Or, de Claudel, et acheva son temps avec Philoctète... On se ferait aussi une idée de la dramaturgie anglo-saxonne, qu'il fit découvrir avec passion. On aurait encore de quoi rédiger une anthologie poétique, allant de Goethe à Rilke, de Brecht à Aragon, de Milosz à Neruda. Sans oublier un panorama de la création cinématographique italienne des années soixante... Terzieff fut la somme de tout cela, non au sens d'addition, mais au sens d'œuvre, de somme artistique et refondatrice.
Porté sur les fonts baptismaux du théâtre par Roger Blin, Terzieff commence en 1951 avec Tous contre tous, d'Arthur Adamov, mis en scène par Jean-Marie Serreau. Au cinéma, la date clé est, en 1958, celle des Tricheurs, de Marcel Carné, dix ans avant La Voix lactée, de Buñuel. Ici comme là, le jeune homme attire par un certain mélange de force carnassière et d'angélique innocence. Le regard passe du vide à la douceur, le sourire de la morsure à l'abandon. Qui, mieux que lui, peut poser les questions existentielles de la jeunesse de l'après-guerre à l'extrême avant-1968 ? Pasolini ne résiste pas à l'alchimie slave du comédien. Fait troublant, chez Buñuel comme chez Pasolini, Laurent Terzieff est le messager ignorant d'une prémonition affreuse. Dans La Voix Lactée, il dit à Jean Francœur : « J'imaginais qu'on fusillait un pape » ; à quoi celui-ci répond : « Rassure-toi, cela n'arrivera jamais. » Et dans Ostia, il interprète un voyou qui se fait assassiner sur la plage d'Ostie, à quelques mètres de l'endroit où Pasolini le sera vraiment, sept ans plus tard.
Pourtant, celui que les jeunes placent alors dans le « top trois » des acteurs les plus représentatifs de leur génération, après Jean-Paul Belmondo et Alain Delon, prend ses distances avec le cinéma pour s'adonner au théâtre, dans lequel il voit « le reflet le plus immédiat de la vie des hommes ». Le travail avec sa compagnie le passionne, autour des auteurs contemporains, exclusivement. Il ne se lasse pas de monter Schisgal, Mrozeck, mais aussi Semprun, Saunders, Albee... Sauf erreur, Nicomède de Corneille fut son seul et unique rôle classique, puisque Philoctète a été écrit, d'après Sophocle, par Jean-Pierre Siméon.
Un soir de l'an 2005, allant féliciter Fabrice Luchini dans sa loge, nous avions trouvé celui-ci quelque peu angoissé. C'est que le lecteur flamboyant de Nietzsche et de La Fontaine attendait la visite de Laurent Terzieff. Bizarrement humble, il s'inquiétait de lui avoir plu. Entre les deux hommes, si différents par-delà leur égal amour des textes, le courant passa tout de suite, l'un partageant avec l'autre le souci d'être compris et une méfiance viscérale envers l'avant-gardisme et l'élitisme, ces deux mamelles sèches du théâtre. Moins d'un an plus tard, ils interprétèrent, ensemble et avec Caroline Sihol, Molly, de Brian Friel. Par la suite, évoquant la personnalité du bouillant comédien, Terzieff livra la clé de son propre engagement : « Fabrice a besoin de faire don de lui-même et ce don passe par le texte ».
Aujourd'hui qu'il a rejoint Pascale de Boysson, sa chère femme et compagne d'aventures, décédée en 2002, c'est par le don entier et rayonnant de soi-même, l'humilité souriante et l'extrême cohérence d'une vie offerte que Laurent Terzieff entre dans notre mémoire. Exemplaire et unique.
Officier de l'Ordre du Mérite et Commandeur des Arts et des Lettres.
Juin 2010 : Prix de la S.A.C.D. (Société des auteurs et compositeurs dramatiques)
1993 : Un Molière pour la pièce "Temps contre Temps".
1988 : Un Molière pour la pièce "Ce que voit Fox".
1987 - Grand prix national de théâtre décerné par le Ministère de la Culture.
1964 - Prix Gérard Philippe.
1962 - 1963 : Prix de la jeune critique.
55 LONGS MÉTRAGES
2006 - J'AI TOUJOURS RÊVÉ D'ÊTRE UN GANGSTER
2004 - MON PETIT DOIGT M'A DIT...
2003 - RIEN VOILÀ L'ORDRE
2002 - PONTORMO
2002 - PEAU D'ANGE
2000 - TERRITORI D'OMBRA
2000 - A PROPOSITO DE BUNUEL
1999 - SULLA SPIAGGIA E DI LÀ DAL MOLO
1999 - MANUSCRIT DU PRINCE .LE
1998 - PIANISTE .LE
1998 - RADEAU DE LA MÉDUSE .LE
1998 - GUERRE DANS LE HAUT PAYS .LA
1994 - FIESTA
1992 - GERMINAL
1989 - HIVER 54, L'ABBÉ PIERRE
1988 - ÉTOILE
1988 - DON BOSCO
1985 - ROUGE BAISER
1985 - LA RAGAZZA DEI LILLA
1985 - DIESEL
1985 - D'ANNUNZIO
1984 - DÉTECTIVE
1980 - FLAMBEUSE .LA
1978 - COULEUR CHAIR
1977 - UTOPIA
1976 - DÉSERT DES TARTARES .LE
1976 - NOCES DE SANG
1975 - JEU
1975 - IL PLEUT SUR SANTIAGO
1974 - ANGE PASSE .UN
1974 - MOÏSE, LES DIX COMMANDEMENTS
1974 - HAUTES SOLITUDES .LES
1971 - GÉMEAUX .LES
1969 - OSTIA
1969 - MÉDÉE
1968 - VOIE LACTÉE .LA
1968 - RÉVÉLATEUR .LE
1968 - PRISONNIÈRE .LA
1967 - À COEUR JOIE
1966 - VOYAGE DU PÈRE .LE
1966 - FRUITS AMERS
1964 - GRAIN DE SABLE .LE
1964 - MORT, OÙ EST TA VICTOIRE
1962 - CULOTTES ROUGES .LES
1962 - SEPT PÉCHÉS CAPITAUX .LES
1962 - BALLADE POUR UN VOYOU
1961 - VANINA VANINI
1960 - TU NE TUERAS POINT
1960 - KAPO
1960 - BOIS DES AMANTS .LE
1959 - RÉGATES DE SAN FRANCISCO .LES
1959 - GARÇONS .LES
1958 - TRICHEURS .LES
1958 - DOUZE HEURES D'HORLOGE
SES COURTS MÉTRAGES:
1976 - VOYAGE AU JARDIN DES MORTS
Court métrage de Philippe Garrel
1964 - ADAGE .L'
1963 - MESSE SUR LE MONDE .LA
1963 - MONSIEUR SATIE
1961 - FRONTIÈRE .LA
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23-01-2015 09:12:20