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Profession:
Réalisateur, acteur, scénariste et dialoguiste français.
Date et lieu de naissance:
20-03-1920, à Tulle, Corrèze, France.
Date et lieu du décès:
11-01-2010, à Paris, France.
Cause du décès:
Probablement de mort naturelle à l'âge de 89 ans.
Nom de naissance:
Maurice Henri Joseph Schérer.
État civil:
Marié le 22 août 1957 avec l'actrice : THÉRÈSE BARBET.
Ils eurent 2 enfants.
Taille:
?
Saluant «la mémoire» d'Éric Rohmer, Nicolas Sarkozy a rendu «hommage au talent et à la vérité d'un grand auteur qui continuera longtemps à nous parler et à nous inspirer».
«Classique et romantique, sage et iconoclaste, léger et grave, sentimental et moraliste, il a créé le style 'rohmérien', qui lui survivra», a affirmé le président de la République.
Disant avoir appris «avec une grande émotion la disparition d'Éric Rohmer», Frédéric Mitterrand a salué la disparition de «l'un des plus grands auteurs du cinéma français».
«Homme discret, esprit indépendant et exigeant, rigoureux et généreux, il a su se frayer dans le paysage cinématographique un chemin à la fois très personnel, très original et capable d'attirer à lui un vaste public de cinéphiles et d'amateurs», a-t-il souligné.
«La ligne de crête que suivait Éric Rohmer l'a conduit à une réussite esthétique exceptionnelle: il a su être à la fois un homme de cinéma complet et, en même temps, une réminiscence parfaitement incarnée de la grande tradition littéraire des analystes du coeur, les Musset, les Marivaux et les moralistes classiques auxquels il a été souvent, et à juste titre, associé», a-t-il ajouté.
«Sa mort est une perte importante», a-t-il souligné sur i-télé. «Connu dans le monde entier, (Rohmer) avait construit son indépendance sur une idée du cinéma.» «Tout cela, il l'a fait patiemment avec beaucoup d'élégance et l'amour de la langue française», «ses dialogues peuvent se lire indépendamment des films tellement ils sont écrits comme des pièces de théâtre du XVIIIe siècle», a-t-il ajouté.
«Éric Rohmer a une oeuvre très importante qui couvre 60 ans de cinéma. (...) C'est quelqu'un qui compte dans le cinéma français depuis la Nouvelle Vague», a-t-il précisé sur France Info.
«Il avait une oeuvre très cohérente. C'est ça qui m'a toujours frappé dans l'oeuvre de Rohmer, c'est sa cohérence romanesque. Il travaillait souvent par cycles et ses films se répondaient. Il y avait une dimension très émouvante dans son cinéma.» «Moi, j'avais beaucoup d'admiration pour lui.»
«Je l'ai vu samedi, je suis allée à la Salpétrière et j'étais tellement bouleversée parce que je suis entrée dans la chambre de réanimation», a-t-elle expliqué à Europe 1.
«Il était sorti du coma, et nous avons pu nous parler par un petit papier interposé. Je lui ai dit: «Éric, tu sais, il neige et nous allons sortir de cet hôpital mais dès que tu auras repris quelques forces» et il m'a répondu sur un petit papier 'dès que j'aurai retrouvé ces forces, que j'ai'». «Je trouvais ça tellement extraordinaire et je lui ai dit «je t'aime infiniment' et il m'a écrit 'merci'.»
Pour l'actrice, Rohmer laisse «l'image du grand personnage du siècle des Lumières. C'était quelqu'un qui m'a fait lire pour la première fois Marivaux, qui m'a montré ce qu'était la beauté classique des textes, qui m'a fait comprendre ce qu'était le cinéma, l'écriture cinématographique, l'écriture de vrais auteurs, qui (...) m'a fait découvrir le cinéma.»
«Je lui dois absolument tout. Si j'ai même une situation pas trop mauvaise, c'est uniquement grâce à lui», a déclaré sur BFM l'acteur, qui avait joué dans plusieurs films d'Éric Rohmer, notamment dans Le genou de Claire. «Rohmer, moi, il m'a connu j'avais vingt ans. Pour les gens, Rohmer, c'était le pape, c'était Godard, c'était tout. Il a ouvert sa porte. Moi, les gens ne voulaient pas me prendre», a-t-il déclaré.
«Le génie de Rohmer, c'est d'érotiser le dialogue. C'est un homme de littérature qui a pensé que la littérature ne s'opposait pas au cinéma», a-t-il ajouté. «Il est totalement pas snob. Il est totalement libre. Il est totalement impressionné par la littérature, il est extrêmement cultivé. Il a inventé un cinéma.»
«C'était une sorte de père spirituel», a-t-il déclaré à France Info. «C'était un homme libre avant tout, qui avait créé une aventure cinématographique unique au monde». Il avait aussi «un grand sens littéraire, de l'écriture», c'était un «homme passionné de littérature».
«Il n'a jamais fait de concessions dans le monde du cinéma. Il avait créé sa propre maison de production qui lui servait finalement à monter ses films», «il avait une immense liberté». «C'était quelqu'un d'assez marginal, dans la marge». Cet «homme de grand savoir, de grande conviction (avait) travaillé, créé les Cahiers du cinéma».
Rohmer «a un univers extrêmement personnel», il «a créé une sorte d'univers qui est incomparable, qui fait partie de l'histoire du cinéma», a-t-il dit sur France Info, qualifiant les films du cinéaste de «grands classiques de l'âme humaine».
«Rohmer était un cousin éloigné de Marivaux, avec ce que Marivaux peut contenir de cruauté...», a-t-il observé.
«Quand il a eu envie de tourner, il a tourné. Peu importe les moyens qu'il avait.»
«Éric Rohmer, d'abord, est un cinéaste à succès. On a longtemps dit que c'était le cinéaste français le plus profitable», a-t-il observé sur France Info. «C'est quelqu'un qui, globalement, aura eu du succès.»
«Il bénéficiait d'un grand respect, c'était quelqu'un qui se tenait à l'écart des mondanités», il «avait conquis par la rigueur et la fécondité de toute son oeuvre (..) une espèce de respect».
«Auteur complet de ses films», Rohmer se distinguait par une «originalité du ton» et une «forme d'élégance». À propos de son style, Jean-Michel Frodon a évoqué «une idée très élaborée dans la construction du film qui se traduisait dans une forme très légère».
Faisant part de son «immense tristesse», il a estimé qu'Éric Rohmer était «l'un des maîtres du cinéma français. Son écriture et ses créations» étaient «placées sous le signe de l'exigence et de la rigueur», a-t-il souligné dans un communiqué.
Éric Rohmer «aura été l'homme de toutes les découvertes: un art cinématographique à nul autre pareil, la révélation d'acteurs encore inconnus, la prospection d'univers philosophiques et esthétiques insoupçonnés. Son oeuvre dominera l'histoire cinématographique française par sa stature originale et révolutionnaire», a-t-il ajouté.
Ajout de la vidéo le 12 janvier 2010 par Philippe de CinéMémorial
Figure majeure de la Nouvelle Vague, brillant observateur de moeurs, homme de mémoire et auteur de films majeurs, disparu hier, il laisse le septième art français tout ramolli. Le président Sarkozy salue le talent et la vérité d'un grand auteur, son amour inconditionnel pour la langue française. Le Paris hivernal se voile de crêpe. Qui a oublié, toutes décennies confondues, ses oeuvres phares: Ma nuit chez Maud, Les Nuits de la pleine lune, Le Genou de Claire, Pauline à la plage, Le Rayon vert? Peu de cinéphiles. D'où les trémolos dans la voix de ses acteurs, soudain presque orphelins.
Il aurait eu 90 ans en mars. Vieil homme à bout de souffle? Allons donc! De corps, certes, mais avec un esprit et une créativité si longtemps vivaces. Prolifique Rohmer. Vingt-quatre longs métrages en un demi-siècle de carrière, griffés d'une rare cohérence. Épris de détails, tissant la toile de ses scénarios avec des fils de soie.
Suprême reconnaissance, il était depuis longtemps passé à l'usage l'adjectif «rohmérien», collé à un style mélangeant rigueur, dialogues ciselés et abondants, profondeur, puissance de l'analyse, ambiguïté, ironie fine, érotisme un brin cartésien, angoisse existentielle élégamment camouflée sous un écran de légèreté, travail sur le temps et l'espace, remarquable direction d'acteurs.
Il écrivait ses scénarios, ou adaptait des oeuvres littéraires; incarnation de «l'auteur» au cinéma, qui porte à l'écran ses propres lignes. Rohmer se produisait aussi à travers sa compagnie Les Films du losange. À la roue et au moulin. Alors l'âge...
Les jeux de l'amour et du hasard furent déclinés sur tous les tons par le cinéaste du Genou de Claire. Où s'arrête le hasard? Où commence le déterminisme? s'est-il demandé d'un film à l'autre, enchaînant les chassés-croisés de personnages s'aimant, se trompant, osant de grandes interrogations sur la religion, la vie, le couple et l'essence de la liberté. Pur Français, ancré dans les grandes traditions du verbe et de l'analyse, il ne flirta pas avec les chimères d'Hollywood, fidèle à sa vision, comme son compatriote Alain Resnais, autre vétéran du septième art, à l'éternelle fraîcheur.
Né Maurice Schérer en avril 1920, corrézien, d'abord écrivain et professeur de lettres, sa liberté et son érudition furent ses étendards. Rohmer aura été avant tout un homme de verbe, auteur sous pseudonyme d'un roman La Maison d'Élizabeth rédigé à 24 ans. Ses brillants écrits sur Hitchcock, Renoir, Rossellini, etc., ont fait date. Plusieurs de ses brefs récits rédigés au cours des années 50 fournirent la matière de ses films ultérieurs. Il fut plus classique et plus âgé que la bande de «jeunes Turcs»: Godard, Truffaut, Chabrol et compagnie, qui allaient passer de la critique à la réalisation en cassant tous les moules à ses côtés. Après avoir fondé puis quitté La Gazette du cinéma, il dirigea Les Cahiers du cinéma de 1957 à 1963, mais fut bouté dehors par l'équipe de Jacques Rivette, qui le jugeait trop conservateur. Éprise de la Nouvelle Vague soit, mais avec des racines, l'âme de Rohmer s'est voulue libre.
Le star-système, il n'en jouait qu'à sa guise, uniquement lorsque des acteurs connus, Jean-Claude Brialy, Jean-Louis Trintignant, etc., lui semblaient les seuls candidats possibles. Sinon, il lança les carrières d'inconnus bientôt renommés qu'il garda par la suite dans son écurie, dont la blonde sirène Arielle Dombasle propulsée avec Pauline à la plage en 1983. Le jeune Fabrice Luchini hérita d'une figure secondaire dans Le Genou de Claire en 1970, mais du rôle-titre dans Perceval le Gallois (1978), d'après l'oeuvre de Chrétien de Troyes. Échec critique et public, mais entreprise d'une audace folle qui montrait une fois de plus chez ce cinéaste la marque du grand érudit, féru d'histoire. En septembre dernier, dans son délirant spectacle Le Point sur Robert, au Monument-National, Fabrice Luchini fit rire la galerie avec son désopilant récit des revers de Perceval.
Rohmer, justement associé à cette Nouvelle Vague qu'il contribua à mettre au monde, créa en parallèle son propre style. Un mouvement, une tendance étaient pour lui l'enfermement, et il ne voulait pas rompre avec le passé, tout en demeurant novateur. Son regard de moraliste constitue un héritage du XVIIIe siècle. Celui qui fut souvent comparé à Marivaux refusait un peu la filiation du théâtre, se sentant tributaire avant tout du genre de la nouvelle.
Son premier film Le Signe du lion en 1959, pourtant audacieux, célébré par la critique, fut un échec public. C'est à travers son cycle des Contes moraux, que Rohmer connut la gloire avec l'inoubliable Ma nuit chez Maud en noir et blanc (1969) aux dialogues d'intense profondeur, puis avec le nom moins brillant Le Genou de Claire un an plus tard, lauréat du prix Louis-Delluc. Au cours de la décennie 80, dans son second cycle Comédies et proverbes, Le Rayon vert (1986) lui valut le Lion d'or de Venise.
Autre cycle cette fois enfanté par la décennie 1990, Contes des quatre saisons: Été, printemps, automne, hiver, lui permit d'explorer les dérives amoureuses d'une certaine jeunesse en mal de repères. En 1993, son scintillant L'Arbre, le maire et la médiathèque (prix de la Fipresci au Festival des Films du monde) se penchait sur des questions politiques et d'engagement social avec forces pirouettes romanesques.
En 2001, son film L'Anglaise et le Duc, conçu avec une technologie numérique, s'est révélé une des plus modernes et des plus étonnantes incursions dans la Révolution française jamais réalisées, perçue à travers la lorgnette des aristocrates: vrai morceau de bravoure. Rohmer continua à tourner à un âge vénérable, son dernier film Les Amours d'Astrée et de Céladon, explorant des passions sur fond de mythologie, date à peine de 2007. La suite de ces amours des dieux et des fées doit bien lui inspirer d'étranges féeries de l'autre côté du miroir de la vie.
1986 - Il reçoit le Prix Lion d'Or à Venise, Italie.
1983 - Il reçoit le Prix de la Meilleure Mise en Scène à Berlin, Allemagne.
1976 - Le Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes, France.
32 LONGS MÉTRAGES
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2006 - AMOURS D'ASTRÉE ET DE CÉLADON .LES
2003 - TRIPLE AGENT
2001 - ANGLAISE ET LE DUC .L'
1998 - CONTE D'AUTOMNE
1996 - CONTE D'ÉTÉ
1994 - RENDEZ-VOUS DE PARIS .LES
1992 - ARBRE, LE MAIRE ET LA MÉDIATHÈQUE .L'
1991 - CONTE D'HIVER
1989 - CONTE DE PRINTEMPS
1986 - QUATRE AVENTURES DE REINETTE ET MIRABELLE
1986 - RAYON VERT .LE
1986 - AMI DE MON AMIE .L'
1984 - NUITS DE LA PLEINE LUNE .LES
1983 - PAULINE À LA PLAGE
1981 - BEAU MARIAGE .LE
1981 - CHASSÉ-CROISÉ
1980 - FEMME DE L'AVIATEUR .LA
1980 - JUSTOCOEUR
1978 - PERCEVAL LE GALLOIS
1975 - MARQUISE D'O .LA
1974 - OUT 1 : SPECTRE
1973 - FEMMES AU SOLEIL
1972 - AMOUR L'APRÈS-MIDI .L'
1970 - OUT ONE NOLI ME TANGERE
1970 - GENOU DE CLAIRE .LE
1969 - MA NUIT CHEZ MAUD
1967 - COLLECTIONNEUSE .LA
1965 - PARIS VU PAR…
1966 - BRIGITTE ET BRIGITTE
1963 - CARRIÈRE DE SUZANNE .LA
1959 - SIGNE DU LION .LE
1957 - CHARLOTTE ET VÉRONIQUE
1952 - PETITES FILLES MODÈLE .LES
1996 - DES GOUTS ET DES COULEURS
1994 - CITIZEN LANGLOIS
1992 - FRANÇOIS TRUFFAUT : PORTRAITS VOLÉS
1986 - BOIS TON CAFÉ, IL VA ÊTRE FROID
1983 - LOUP Y ES-TU ?
1968 - LOUIS LUMIÈRE
1968 - FERMIÈRE À MONTFAUCON
1966 - ÉTUDIANTE D'AUJOURD'HUI .UNE
1964 - NADJA À PARIS
1962 - BOULANGÈRE DE MONCEAU .LA
1958 - VÉRONIQUE ET SON CANCRE
1956 - SONATE À KREUTZER .LA
1954 - BÉRÉNICE
1953 - PRÉSENTATION OU CHARLOTTE ET SON STEAK
1950 - JOURNAL D'UN SCÉLÉRAT