Interprète à quatre reprises du rôle de Superman, tétraplégique depuis 1995 à la suite d'une chute de cheval, l'acteur américain Christopher Reeve est mort, dimanche 10 octobre, à New York, d'un arrêt cardiaque. Il était âgé de 52 ans.

Depuis son accident, l'acteur avait milité en faveur des handicapés et de la recherche médicale, prenant parti en faveur de thérapies expérimentales. Le sort de Christopher Reeve n'aurait sans doute pas aussi vivement frappé l'opinion s'il n'avait pas été associé au personnage omnipotent de Superman, qu'il a interprété pour la première fois en 1978. Sa haute et large silhouette, son regard clair et son menton carré faisaient de Reeve l'interprète idéal du super-héros de bande dessinée imaginé par Jerry Siegel et Joe Shuster. Mais Reeve était un acteur à part entière, qui a joué pour James Ivory, Jerry Schatzberg ou Sidney Lumet. Il est né le 25 septembre 1952 à New York. Dès son enfance, il joue au théâtre et obtient sa carte du syndicat des acteurs à l'âge de 16 ans. Diplômé de l'université de Cornell, il décroche un rôle dans un soap opera et continue de jouer sur Broadway. Il y est, entre autres, le petit-fils de Katherine Hepburn dans A Matter of Gravity. Il est choisi parmi 200 prétendants pour interpréter Superman dans le premier film de la série, réalisé par Richard Donner.

Sorti en 1978, un an après La Guerre des étoiles, le film témoigne du retour de Hollywood au cinéma de distraction. Refusant le second degré dans son jeu, Christopher Reeve propose un Superman tout à fait sain, qui correspond assez à l'idéal américain que Ronald Reagan a remis au goût du jour. Au fil des deux épisodes suivants réalisés par Richard Lester, le personnage se complique, jusqu'à tourner le dos à la cause du bien dans le troisième épisode, en 1983, qui le voit mal rasé, provoquant une marée noire ou redressant la tour de Pise. Le dernier chapitre de la saga, Superman IV (1983), dirigé par Sidney J. Furie, n'ajoute rien à la gloire des participants.

Mais Christopher Reeve redoute de se voir enfermer dans son personnage de justicier en justaucorps bleu, d'être condamné aux films d'action. Il refuse ainsi plusieurs rôles qui vont alors à Mel Gibson (Fletcher Christian dans le remake du Bounty, réalisé par Roger Donaldson) ou à Arnold Schwarzenegger (Running Man). Il recherche des rôles plus exigeants et partage l'affiche avec quelques-uns des meilleurs acteurs de son temps. Dans Piège mortel, adaptation d'une pièce policière réalisée par Sidney Lumet en 1982, il affronte Michael Caine. Aux côtés de Vanessa Redgrave, il est un séducteur de la haute société dans The Bostonians, de James Ivory (1984), tiré du roman de Henry James, et un journaliste corrompu face à un terrifiant Morgan Freeman dans La Rue, de Jerry Schatzberg (1987).

"CHOISIR DES SUJETS FORTS"

Mais sa carrière ralentit à la fin de la décennie, même si on le voit encore dans des films comme Les Vestiges du jour de Jack Lewis (1993), ou dans le remake du Village des damnés de John Carpenter (1995), son dernier rôle au cinéma avant son accident. Le 27 mai 1995, lors d'un concours hippique en Virginie, son cheval refuse l'obstacle et le précipite à terre. Il se fracture deux vertèbres cervicales et reste paralysé.

En mars 1996, il participe à la cérémonie des Oscars et demande à la communauté hollywoodienne de "prendre des risques, de choisir des sujets forts". Deux ans plus tard, il produit pour la télévision un remake du Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock, dans lequel il reprend le rôle de James Stewart. Parallèlement, il poursuit une thérapie active qui lui permet de retrouver des sensations et de recouvrer l'usage d'un doigt. Avec sa femme, Dana, il a ouvert en 2002 dans le New Jersey le Christopher and Dana Reeve Paralysis Resource Center, destiné à aider les paralytiques à mener une vie plus autonome.

 

Source : Thomas Sotinel pour Le Monde.

 

SES RÉCOMPENSES :

 

1998 - Pour : FENÊTRE SUR COUR - Emmy pour l'accomplissement exceptionnel par un acteur masculin dans un téléfilm ou d'une série de TV, Screen Actors Guild Awards, Los Angeles, Californie, États-Unis.

1981 - Pour : QUELQUE PART DANS LE TEMPS - Prix du meilleur acteur, Fantafestival, Rome, Italie.

1978 - Pour : SUPERMAN - Prix BAFTA du meilleur espoir, British Academy Awards, Royaume-Uni.

1956 - Prix Jackie Coogan, Young Artist Awards, États-Unis.